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« Arras, ici Arras »

Assurez-vous de n’avoir rien oublié dans le train.

Comme Mr Nobody, lorsque je descends du train je ne suis personne. Pourtant j’ai cette sensation d’avoir quelque chose en plus, un bagage supplémentaire, autre que ceux que je me trimballe sur le quai: l’expérience. Et je m’apprête à en vivre une nouvelle en me trouvant dans l’envers du décor de cette gare dont je n’ai connu que la devanture durant tant d’années. Je ne souffre d’aucun décalage horaire et pourtant j’ai l’impression d’avoir effectué un voyage temporel à bord de ce TGV. Tandis qu’il repart en direction de Lille puis de Bruxelles midi, son terminus, le mien n’est qu’un point de départ vers un retour au source. Sur ce même quai j’ai vu ma mère les larmes aux yeux courir après le train tandis qu’il m’emmenait vers mon futur, un avenir dont je reviens temporairement.

Pour la sortie veuillez emprunter le passage souterrain s’il vous plait. 

Je longe le chemin de fer en direction du sous-sol menant à l’extérieur et intérieurement je songe aux différents embranchement de la vie. De ma vie. Les choix que j’ai fait, ceux que je n’ai pas fait et ceux que j’aurais du faire. Les décisions, les causes et les conséquences qui en découlent sont parfaitement illustrées dans le chef d’oeuvre de Jaco Van Dormael à travers les rails qui se dédoublent, se fondent entre eux puis se séparent. Et comme son héros, Nemo Nobody, je me questionne sur le sens de ma vie et le tournant à lui faire prendre. Pour l’instant la prochaine étape logique de mon voyage est de quitter les coulisses de cette gare pour rejoindre ma famille. C’est alors que tout ce qui était familier, que je prenais pour acquis, s’est révélé à moi d’une façon différente. On dit que lorsque l’on ressent ce sentiment de « déjà vu » c’est que l’on est au bon endroit au bon moment, en accord avec son destin, et bien j’allais en faire l’expérience durant tout un séjour.

C’est bizarre de vouloir parler de sa ville d’origine alors que l’on habite à 700km de celle-ci. On compose avec ses souvenirs, ses sensations de l’époque où j’ai suivi ce grand mouvement de l’exode rural propre à ceux de ma génération. La plupart des gens de mon âge en sont partis, sans un regard en arrière, pour une plus grande ville car ils n’y trouvaient rien d’attirant ou pour la poursuite de leurs études. Pour ma part je les fuyais. En tant qu’adolescent je vivais avec la certitude et la conviction que l’existence était toujours meilleure ailleurs. C’est donc à l’occasion d’un retour sur mes terres natales que j’ai redécouvert avec nostalgie ce lieu qui m’a vu grandir. J’ai vécu une vingtaine d’années sans m’apercevoir de ce que j’avais sous les yeux. Mais bon ce n’est qu’une fois que l’on est parti pour de bon que l’on peut prendre du recul, que l’on peut être plus attentif à certains détails. 

Un recul de 700km m’aura permis d’y voir plus clair et de me rendre compte de la chance que j’avais, de la beauté de ma ville. Une architecture vraiment sublime qui était passée par le filtre de mon quotidien, rendant tout ça affreusement normal. Entre mon nouveau travail dans la ville des frères Lumière, le casse-tête pour trouver un créneau avec les horaires des trains et les grèves, mes visites étaient devenues de plus en plus rares. C’est donc à l’occasion d’un week-end prolongé en famille que j’ai redécouvert les endroits clés de cette superbe ville avec un regard neuf. Empruntant le parcours touristique, je me suis mis autant dans la peau d’un visiteur de passage que dans celui d’un guide, me surprenant moi-même sur les petits discours improvisés que je me faisais mentalement. Un souvenir par-ci, un autre par-là, c’est une partie de mon enfance que j’ai arpenté lors de ces quelques jours. 

Par contre il est toujours regrettable de constater que pour les férus de films comme moi cette ville a toujours manqué d’un cinéma digne de ce nom. Du temps de mes parents, et selon leurs dires, il y en avait beaucoup plus, de l’ordre de 5 ou 6 répartis dans toute la ville. Mais on peut toujours se consoler avec le festival international du film d’Arras qui gagne, année après année, une reconnaissance dans le milieu. C’est bien peu de choses comparé à la richesse dont fait preuve cet endroit du Pas-de-Calais qui, pour le coup, accueille de plus en plus d’équipe de tournage. J’ai pu combler ce manque en m’installant directement dans le berceau du cinéma qu’est la ville de Lyon mais je reste tout de même attaché à l’environnement qui a fait de moi la personne que je suis. Mon regard extérieur m’a permis de sélectionner quelques lieux et événements à faire selon la période et la durée de votre séjour.

 

Les Boves

On y accède par le Beffroi qui se trouve sur la petite place. Il s’agit des souterrains d’Arras utilisés pendant la guerre. Claustrophobe s’abstenir car on descend à maximum 12 mètres de profondeur et on ne remonte pas avant 45 minutes le temps de la visite. Les commentaires sont pertinents et on apprend pas mal d’anecdotes que je vous laisse le plaisir de découvrir. Les passages sont vraiment étroits, on est limite des Indiana Jones en herbe tant il faut se baisser pour passer d’une pièce à une autre. Ce qui accentue encore plus le coté explorateur ce sont les jardins des Boves aménagés une fois par an. Une façon de faire une pierre deux coups. Mais bon c’est surtout une visite à faire en été pour se rafraîchir car il y fait extrêmement froid là dessous. Et oui, contrairement à ce que l’on peut penser, il fait chaud aussi dans le Nord.

 

Le beffroi

Comme je le disais plus haut le Beffroi se situe sur la petite place. Il est à Arras ce que la tour Effeil est à Paris ou la statue de la liberté à New-York et même si d’autres villes du nord disposent de leur Beffroi, je ne peux m’empêcher de l’assimiler à ma ville. Ce qui le rend unique à mes yeux c’est son passé marqué par l’histoire. Au cours de son existence il a été détruit deux fois et la seconde fois s’est faite sous les bombardements durant la première guerre mondiale. Accueillant l’office de tourisme, il est possible de le visiter et ensuite de profiter d’une vue d’ensemble sur toute la ville au sommet. On y accède grâce à un ascenseur et on termine l’ascension par une trentaine d’escaliers. Le tour d’horizon nous donne à voir une carte grandeur nature de cette ville: la petite place qui se déroule à nos pied, la plus grande sur la gauche, la cathédrale sur la droite, le cheminement des petites rues, les toitures typiques,…

 

Les places

Anciennement lieu de concert du Main Square Festival, la grande place ainsi que la petite sont vraiment des lieux de vie. Elles sont entourées de restaurants, de bars et de commerces le tout entrecoupé de petites rues pleines de charmes et de découvertes. La plupart menant au centre ville, elles sont vraiment le coeur de la ville et un endroit agréable où boire un verre en terrasse. Les petits enseignes des bistrots ont un cachet vraiment rétro tout comme celle des chocolateries, crêperies et autres lieux de dégustation.

 

La cathédrale

Je ne suis pas trop accès sur l’histoire d’un lieu mais plus sur le ressentie. Ce lieu est vraiment immense et dispose d’une architecture grandiose. J’ai beau en avoir vu beaucoup d’autres celle-ci reste toujours la plus impressionnante qu’il m’ait été donner de voir. Je ne dis pas ça par favoritisme, c’est juste ce que je ressens lorsque je met les pieds dans cette immense monument.

 

Main square festival

Présent dès la première édition, j’en ai depuis raté quelques unes sans pour autant perdre de l’intérêt pour ce festival. Un événement qui attire toujours une foule de curieux début Juillet grâce à des têtes d’affiches toujours plus importantes comme Muse, Indochine, Tryo, Depeche Mode, Radiohead, Coldplay… Des concerts que j’ai fait sur la grande place jusqu’à ce que l’événement migre vers la citadelle d’Arras. Un plus non négligeable puisqu’on évite de rester des heures à sauter sur des pavés. Bref c’est très diversifié au niveau des talents, il y en a pour tout les gouts pour ce festival qui ne cesse de prendre de l’importance.

Le train en direction de Lyon Part-dieu est annoncé voie 8.

Terminus, tout le monde descend de la parenthèse. Me voici de retour là où tout a commencé. Le train s’éloigne et le paysage m’offre les façades à l’architecture Flamande. Je sais qu’il est là derrière les bâtiments et l’espace d’un instant je l’aperçoit furtivement, le Beffroi et son lion doré trônant au sommet. La lumière du soleil se reflète sur cette statue et me fait l’effet d’un flash. Littéralement. C’est à ce moment que j’ai pu prendre toute la mesure, ou plutôt la démesure, des signes qui m’avaient été envoyés durant toutes ces années à vivre ici. Cet animal à la fourrure d’or m’avait indiqué la direction à suivre comme une boussole et ce n’était pas dans le nord. Pas ici. Le hasard a fait que j’ai élu domicile à Lyon et maintenant je sais que tout cela n’était en rien du à un choix par défaut. Ce Y de la ville de Lyon ne s’était pas substitué au I du Lion pour me montrer deux directions différentes, il n’y en avait qu’une seule et le choix se limitait entre rester ou partir vers la ville qui en avait fait son emblème.

 

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