
« WATCHMEN: SAISON 1 » VS PROCRASTINATION
Rien ne finit jamais: le Dr Manhattan a toujours été catégorique sur le sujet, pourtant il a bien fallu que cela commence quelque part. Watchmen a toujours bénéficié d’une aura particulière dans le paysage des comics et son auteur n’y est pas pour rien. À l’époque, ce dernier n’est pas encore le scénariste controversé que l’on connait et à qui l’on ne refuse rien. Ainsi pour les besoins de l’une de ses histoires, il demande l’autorisation à DC Comics de pouvoir utiliser certains des personnages du catalogue de Charlton Comics que la firme aux deux lettres vient d’acquérir. En effet, pour donner de l’épaisseur à son récit, l’auteur a besoin de personnages ayant déjà tout un passif derrière eux afin que le lecteur puisse ressentir le poids des enjeux dans la chronologie.
Le premier numéro de son histoire débutant par le meurtre de l’un de ces super-héros, le rendant donc inutilisable dans d’autres comics, DC s’oppose fermement à la demande d’Alan Moore. Mais devant la qualité de son scénario, l’éditeur ne peut se résoudre à annuler le projet et demande donc à son auteur d’inventer de nouveaux personnages pour l’occasion. Lui qui avait dans l’optique de déconstruire le mythe des super-héros, allait donc devoir d’abord les construire de toutes pièces avant de se lancer dans une telle entreprise. Grâce à l’ajout de pages annexes pour étoffer le monde qu’il était en train de mettre en place, c’est ainsi qu’est né Watchmen.
Cette petite histoire dans la grande est pareille à celle de cette histoire de pirate au coeur des aventures de Rorschach et des autres héros costumés. Une mise en abime qui permet de mieux comprendre son fonctionnement tout comme cette décision éditoriale va impacter le reste de l’industrie des comics. Quoi qu’il en soit, le refus de la part de DC Comics de sacrifier ses personnages, alors récemment acquis, sous la plume d’Alan Moore aura été bénéfique. Cela aura amené ce dernier à créer un chef d’oeuvre de narration au point que DC mette à nouveau son droit de véto sur la création d’une séquelle à Watchmen.
Peut-être dans l’espoir que d’autres auteurs, désireux de continuer les aventures des Gardiens, se découragent et empruntent le même chemin que Moore en élaborant leur propre univers original que l’éditeur pourrait ensuite reprendre à son compte… Car c’est bien cela qui est à l’origine de la rupture entre le scénariste et DC Comics: les droits sur les personnages qui ne lui appartiennent plus et de faibles royalties sur son travail. Classée sans suite, la création d’Alan Moore et du dessinateur Dave Gibbons commence donc peu à peu à prendre des airs d’intouchable. Après tout, qui voudrait vouloir faire une suite à la Bible?

Bien que cela puisse sembler prétentieux de vouloir se croire digne de continuer le travail de Moore, les personnages qu’il a créés n’ont cessé de gagner en popularité. Au point d’intéresser le cinéma dès sa parution en 1986. Terry Gilliam, Darren Aronofsky, ou encore Paul Greengrass, tous ont essayé de donner vie aux planches de Dave Gibbons sans succès. Si Alan Moore se revendique comme étant un fervent pratiquant de la magie, il semble avoir ensorcelé sa propre oeuvre. Une malédiction qui se poursuit également chez les artistes de comics qui tentent d’emboiter le pas à l’auteur en élaborant leurs propres mythologies et ne rencontreront pas le succès escompté.
Les années passent et rien ne viendra surpasser l’histoire du Comédien là où DC Comics avait surement cru y voir une formule magique pour étoffer son catalogue en refusant l’accès à ce mythe. Jusqu’à ce qu’une adaptation finisse par voir le jour au cinéma. Réalisé par Zack Snyder en 2009, il s’agit d’un premier pas pour l’éditeur dans une tentative de désacraliser Watchmen. Le film a beau être extrêmement fidèle à son support papier, la fin a elle été repensée. Une trahison pour les uns, une mise à jour plutôt intelligente pour les autres, dont je fais partie, cela va surtout sortir le comics de son milieu de profanes pour l’exposer au grand public.
Une toute nouvelle génération va également pouvoir découvrir ce chef d’oeuvre et en réclamer plus comme toute société de consommation qui se respecte. Il faudra tout de même attendre 2012 avant que DC Comics ne se décide avec Before Watchmen. On peut voir cela comme un pas en arrière, dans le passé des personnages iconiques, pour ensuite mieux enjamber ce pavé de douze numéros et aller de l’avant. En effet après une timide exploration du passé des Gardiens, c’est vers le futur que se tourne l’éditeur. Une suite voit ainsi enfin le jour, ou plutôt un crossover.
Très justement intitulé Doomsday Clock, il s’agit autant d’une séquelle déguisée, pour ne pas froisser les fans qui y vouent un culte, que d’une tentative de s’approprier des personnages, que l’éditeur possède pourtant, pour mieux les intégrer à la continuité de Superman, Batman et consort. Un exercice difficile auquel s’acquitte Geoff Johns avec succès. Accompagné de l’excellent Gary Frank pour la partie graphique, l’auteur s’étale sur autant de numéros que l’original pour un résultat aussi complexe que brillant. Mais le rythme irrégulier des parutions et les multiples retards verront cet événement éditorial perdre l’attention du lectorat.
La publication s’étend ainsi de novembre 2017 à décembre 2019, mais la conclusion tant attendue est un peu éclipsée en novembre de la même année par la diffusion du premier épisode d’une série sobrement intitulée: Watchmen. Il ne s’agit alors en rien d’une adaptation de l’oeuvre de Moore au format télé, mais bien d’une suite toute comme Doomsday Clock s’en revendiquait. À croire que les responsables de chez DC Comics viennent de prendre conscience du potentiel d’une telle franchise et se sont décidés à rattraper le temps perdu en multipliant les suites. Et ce sans pour autant avoir à l’esprit un souci de cohérence entre elles.
L’une comme l’autre traitent des répercussions suite au complot fomenter par Ozymandias et garant d’une paix bâtie sur un mensonge. Mais les possibilités semblent tellement nombreuses pour les artistes qui ont rongé leur frein durant des années, jusqu’à avoir le feu vert officiel de la Distinguée Concurrence, que cela a engendré deux timelines différentes. Du moins pour l’instant. Et autant ces deux suites ne peuvent exister sans l’oeuvre originale, autant elles ne peuvent coexister sur un même plan de l’existence. Elles se contredisent dans le destin des personnages qu’elles développent, mais aussi dans le futur du monde qu’elles dépeignent.
Crossover oblige, Doomsday Clock fera le choix de l’exploration du multivers suite à la révélation du secret d’Adrian Viedt, alors que la série optera pour le prolongement de l’histoire originale jusqu’à notre époque, tout en respectant le statu quo qui clôturait Watchmen. Deux visions différentes, mais respectueuses du matériau de base en tant que socle sur lequel se reposer. Ces doubles suites, qui concordent dans leur timing, sont donc des paradoxes temporels où leurs chemins s’entremêlent à la manière d’un noeud gordien. Mais pour une histoire qui traite du temps par le biais d’un personnage omniscient et d’un adorateur d’Alexandre le Grand en guise d’opposant, c’est tout à fait cohérent.
Il en revient donc au public de trancher ce noeud en deux et dont le couperet est déjà tombé sur Doomsday Clock. Ce dernier n’a pas fait l’unanimité chez les lecteurs qui ne pouvaient que se scinder en deux camps face à une histoire mélangeant deux univers différents. À mes yeux, cela reste une rencontre mémorable doublée d’une suite plutôt pertinente. Mais compte tenu de l’orientation de sa série, je suis sûr que Damon Lindelof ne serait pas d’accord avec mes propos. Même si je suis entièrement conquis par son point de vue. Et oui, l’un n’empêche pas l’autre tant ils sont bien trop différents pour faire l’objet d’une concurrence.

Chapeautée par le scénariste en chef de Lost, cette mini-série de 9 épisodes est d’une qualité qui n’a rien à envier à l’oeuvre originale, mais ne pourrait pas exister sans elle. Complémentaire, complexe et fidèle à Alan Moore, Lindelof prouve une fois de plus son talent pour répartir sa narration sur différentes timelines sans forcément perdre son spectateur. Cette temporalité déstructurée pourrait tout à fait correspondre à ce que voit le docteur Manhattan, lui qui perçoit les événements où s’entrechoquent le passé, le présent et l’avenir. Autant de niveaux de lecture qui font que plus d’un visionnage seront nécessaires pour en comprendre toute la substance, mais il suffit d’un seul pour se rendre compte que l’on est devant un chef d’oeuvre.
Par contre, pour ceux qui espéraient ne pas avoir à lire les douze numéros de ce comics et regardaient le film en guise de résumé pour passer plus rapidement à la série, c’est impossible. Le dernier acte du long-métrage de Zack Snyder, que j’adore, a été modifié de telle sorte que cela ne peut s’intégrer dans le prolongement de cette série. En cause, une pieuvre géante, mais surtout grotesque, à représenter sur grand écran et qui prend ici toute son importance dans la petite lucarne. Là où l’adaptation live rejetée la faute sur le docteur Manhattan pour unifier le monde face à une menace commune, le script de Moore, et par extension Ozymandias, faisait intervenir cette créature tentaculaire pour des répercussions similaires.

Je m’étais d’ailleurs rangé du côté de Zack Snyder quant à la difficulté de représenter ce monstre dans un monde où le seul possesseur de super pouvoirs est un body-builder bleu. Puis, j’ai pu voir la retranscription de cette fameuse scène dans le cinquième épisode et j’ai tout de suite regretté de ne pas avoir pu y assister sur un grand écran. Par l’intermédiaire d’un long travelling, on assiste alors à l’étendue de cette menace sous la forme de ses membres inertes reposant sur les gratte-ciel de New-York. Traumatisant, pour le spectateur comme pour le personnage au centre de cet épisode et qui n’est autre que Looking Glass.
Sorte d’ersatz de Rorschach pour l’attitude, le fait que l’histoire s’intéresse à cet homme et à cet instant précis, le milieu de la série, n’a rien d’un hasard. En effet, son masque réfléchissant est le symbole des miroirs et en cela, cet éclairage sur sa personne représente l’axe de symétrie de toute la saison. Une idée qui a sans nul doute été puisée dans le comics, plus précisément dans le chapitre « effroyable symétrie » qui proposait un découpage se faisant écho à travers les cases du début et de la fin pour se rejoindre en son centre. Une subtilité qui se cache autant dans cette série et bien qu’il s’agisse là d’un flashback remontant à 1985, année où se passe l’oeuvre de papier, il sert surtout à dépeindre l’origin story de l’un des meilleurs protagonistes.

Il y en a bien d’autres dans ce monde post-invasion extraterrestre avortée où une pluie de minuscules calamars est là pour rappeler cette tragédie qui a couté la vie à des millions de personnes. Cette météo atypique fait désormais partie du quotidien de ces survivants parmi lesquels on peut compter Angela Abar alias Sister Night. Collègue de Looking Glass, elle fait partie des forces de l’ordre qui désormais sont masquées lors de leur intervention afin de préserver leur identité. C’est précisément ce qui donne son identité à la série avec ces foulards jaunes vifs qui recouvrent le bas de leur visage. L’imagerie joue d’ailleurs beaucoup avec cette couleur jusque dans l’affichage des titres en suspension dans le décor comme pouvait le faire Fringe.
Cette dernière, créée par JJ Abrams, Roberto Orci et Alex Kurtzman, était ce qui se faisait de mieux en termes de réalité parallèle, et celle qui nous est dépeinte propose son lot de différences avec notre monde. L’acteur Robert Redford y est président, sans pour autant qu’il ne soit présent au casting, et le drapeau des États-Unis a bien changé. Un présent bien loin du notre et pourtant, le récit pose surtout ses bases dans le passé, plus précisément en 1921 lors du massacre de Tulsa. Un événement que l’on aurait préféré uchronique, à l’image de cet univers, mais qui a bien eu lieu même s’il est peu connu.
Il s’agit de l’une des émeutes raciales les plus violentes, mais qui pourrait bien se voir surpasser étant donné la tension actuelle qui règne aux États-Unis. Un sujet plus que d’actualité puisqu’après la diffusion du dernier épisode de la série, la mort de George Floyd a suscité l’émotion et la révolte, autant de la part de la communauté noire, mais aussi du reste de la population. Si cet homme a été victime de la police, c’est l’inverse qui se produit dans la série où les policiers sont la proie d’un groupuscule terroriste nommé le septième de cavalerie, et se revendiquant de l’idéologie de Rorschach avec des masques similaires.

Les premières scènes du pilote sont d’ailleurs plutôt équivoques avec une retranscription de ces actes racistes du début des années 20, jusqu’à de nos jours avec un simple contrôle de routine par un policier. Son masque a beau couvrir la moitié de son visage, sa peau noire ne passe pas pour autant inaperçue dans la nuit. La mise en scène instaure alors une tension intense tandis que l’agent contacte son supérieur pour avoir la permission de déverrouiller son arme de service. Jamais une attente n’aura été aussi prenante et elle va donner le ton au reste des épisodes.
Une hostilité à l’égard de ces gardiens (de la paix) dont le chef sera pendu à un arbre pour amener à une enquête à élucider rappelant celle du meurtre du Comédien. Le badge de ce dernier est ici remplacé par la plaque où s’inscrit l’étoile du shérif, une référence évidente, mais qui se cache aussi dans d’autres easter eggs. L’un de ces oeufs de Pâques est d’ailleurs brisé pour que ses jaunes d’oeufs forment le fameux smiley emblématique dans un récipient. D’autres allusions sont également visibles comme le vaisseau Archimède ayant appartenu au Hibou et depuis réquisitionné par la police.

Des lieux aussi laissent à penser que l’on marche sur les traces des Watchmen originaux, à l’image de cette fête foraine qui a vu la naissance de Looking Glass, mais qui semble aussi avoir accueilli John Osterman pour sa rencontre avec Janey Slater. Devenu depuis le docteur Manhattan, il fait lui aussi partie des têtes d’affiche bien que cette histoire fasse la part belle à de nouveaux venus. Ces derniers peuvent voir des images de l’homme bleu évoluant sur Mars, pour être raccord avec son arc narratif tel que Alan Moore l’avait écrit en clôturant son épopée. Des cabines téléphoniques permettent même de lui laisser un message depuis la Terre, chose à laquelle on peut assister avec Laurie Blake, elle aussi rescapée du format papier.
Mais l’écriture de Damon Lindelof a l’intelligence de proposer une synthèse de cette oeuvre du neuvième art sous la forme d’une mise en abime. Ainsi, l’accident qui a valu à John Osterman de devenir un dieu omniscient est retranscrit sous la forme d’une pièce de théâtre à laquelle assiste Viedt. Joué par Jeremy Irons qui fait des merveilles, il est lui aussi présent bien qu’exilé du reste du monde et mort à ses yeux. Chacune de ses scènes est un véritable régal et l’on ressent une forte influence à la Twin Peaks tant l’absurdité y est palpable. Une ambiance que l’on pouvait déjà retrouver dans Lost et qu’affectionne particulièrement Lindelof.
Même s’il s’inscrit dans un contexte qui se veut réaliste, le scénariste n’en oublie pas pour autant le côté fantaisiste de l’oeuvre dont il choisit d’être le prolongement. À défaut d’être iconisés à la manière de Zack Snyder, les héros et vilains costumés y sont présents avec un côté parfois kitch tellement flagrant que l’on croirait évoluer dans le même univers que Kick Ass ou le Super de James Gunn. Lube Man et sa combinaison lubrifiante sont assez représentatifs de ce ridicule totalement assumé. Des personnages comme Red Scare participent quant à eux un style très street dans leur accoutrement, plus fonctionnel qu’esthétique.
C’est d’autant plus compréhensible pour le Juge Masqué, membre des Minutemen dans la mythologie inventée par Moore, dont l’intrigue prend place à la fin des années 30. Fait avec les moyens du bord, c’est une sorte de cosplay pour celui qui sera le premier justicier masqué de cet univers. Un épisode entier, le sixième, lui sera même consacré tout en étant parfaitement intégré à la narration malgré cette époque antérieure aux événements du comics. Cela se fait par l’intermédiaire d’un médicament appelé Nostalgia qui permet de revivre ses propres souvenirs, sauf que ce n’est pas le possesseur en question qui en fera l’expérience. Voilà un concept qui aurait mérité un film entier pour être développé.

Cette parenthèse dans le passé est un véritable tour de force autant narratif que dans sa mise en image. Celle-ci est bien entendu en noir et blanc, mais quelques éléments bénéficient d’une colorisation pour renforcer un peu plus la bizarrerie ambiante. Le montage use de transitions vraiment habiles et cela ne s’applique pas qu’à cet épisode, mais à l’ensemble de la saison. La musique n’est pas non plus en reste et représente même une part importante comme cela avait pu l’être dans l’adaptation de Zack Snyder. En plus de s’occuper de la bande originale, Trent Reznor et Atticus Ross, du groupe Nine Inch Nails, ont sélectionné de nombreuses chansons dont l’inévitable Life on Mars de David Bowie réinterprété au piano.
Musique cinégénique entre toutes, elle y est ici totalement à sa place au point de se demander pourquoi elle n’a pas fait partie du film de 2009 qui alignait les tubes. Mais tout comme le chef d’oeuvre de Zack Snyder n’était pas une compilation d’épisodes mis bout à bout pour former un film de presque 3 heures et demie dans son ultimate cut, cette série n’est pas un très long film. Dans le sens où elle ne se prête pas au binge watching, même s’il est difficile de résister à cette pratique. Ces 9 épisodes n’ont jamais été mis à disposition du public dans leur intégralité pour être consommés, puis oubliés aussi rapidement. Chacun d’entre eux est à savourer, mais aussi à réfléchir tellement ils sont riches et exigeants.
Leur diffusion au compte-goutte, au rythme d’un épisode par semaine, est semblable au découpage en numéro du comic book qui avait bénéficié d’une parution mensuelle entre 1986 et 1987. En effet, Watchmen n’a jamais été un graphic novel, contrairement à la réputation prestigieuse qu’il se traine, mais une série limitée, et il en est de même pour cette production HBO. Malgré ce respect de l’héritage de Moore, jusque dans cet aspect éditorial, l’auteur rejette toute réinterprétation de son travail. Il a toujours mis un point d’honneur à ce que son nom n’apparaisse pas afin que la série ne se serve pas de sa renommée pour se faire de la publicité. Ce qui est une forme de publicité en soi.
Mais comme il a su brillamment s’approprier les personnages et en créer de nouveau, Damon Lindelof a su trouver les mots justes concernant cette prise de position. Le scénariste de Lost n’a pas manqué de remarquer que Alan Moore en son temps se fichait bien d’avoir l’autorisation pour poursuivre les aventures de Superman ou de Swamp Thing et en cela, il est totalement en adéquation avec cet esprit. Mieux encore, Lindelof n’exclut pas une deuxième saison faite par quelqu’un d’autre, lui qui a épuisé toutes ses idées sur le sujet avec cette première fournée. Après tout, le propre des comic-books est d’être écrits et illustrés par différents artistes à tour de rôle, donc il est tout à fait logique de céder la main à son tour.
Mais là où Alan Moore s’amusait à déconstruire le mythe des super-héros avec Watchmen, la série de Lindelof déconstruit cette même oeuvre. Il appartient à quelqu’un d’autre de prendre la suite, avec la pression de succéder à ce chef d’oeuvre télévisuel. Mais en se refusant à donner une suite à son propre travail pour privilégier le caractère anthologie, Damon Lindelof a fait sans le savoir la saison 2 que tout le monde lui réclame. En effet, cette leçon d’écriture, cette masterclass a eu pour effet de faire de l’oeuvre originale de papier une saison 1 de cet univers super-héroïque, rétrogradant de ce fait la série en deuxième position.
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