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« Westworld saison 3: le Nouveau Monde » de Jonathan Nolan et Lisa Joy

« WESTWORLD SAISON 3: LE NOUVEAU MONDE » VS PROCRASTINATION

Consciemment ou inconsciemment, l’horizon d’attente est un mécanisme qui se met en place lorsque l’on patiente avant l’arrivée d’une oeuvre. Cette théorie littéraire, de Hans Robert Jauss, est l’analyse d’un comportement que l’on retrouve désormais à grande échelle sur le web. Les réseaux sociaux sont les principaux lieux de ces échanges, mais c’est surtout la plate-forme Reddit qui recense le plus de partages de ce genre. Chacun y est libre de spéculer sur ce que devrait être, selon lui, une oeuvre dont la sortie approche.

Peu importe le média ou notre niveau d’impatience, c’est une donnée qui va grandement jouer dans notre appréciation finale. Cette dernière décennie, cela s’est surtout démocratisé autour des séries télévisées, et notamment Lost qui a fait office de précurseur de ce phénomène. Ce mystery show a forcé les téléspectateurs à se poser des questions, mais aussi à y répondre par eux-mêmes. Bien des forums sont nés de cet enthousiasme communicatif. Tellement, que les scénaristes ont dû réorganiser leur manière de travailler.

En effet, cet horizon d’attente n’est possible que si les épisodes sont diffusés au compte goutte, semaine après semaine. Cela laisse le temps aux spectateurs pour établir des théories, à partir de ce qu’ils ont vu, sur la suite des événements. Des prémonitions qui s’avèrent justes, ou non, mais qui reflètent néanmoins le pouvoir du public sur le programme qu’il regarde. Dans le cadre d’une diffusion hebdomadaire, cela s’exprime par des changements de décision en interne, alors que la série en question est en pleine diffusion.

Cette interaction, ou plutôt cette interférence, reste possible puisqu’en parallèle, le tournage est toujours en cours. Une production en flux tendue qui permet aux chaines de modifier les épisodes suivants en fonction des résultats des audiences. À partir des retours, libres à eux d’accélérer le rythme des révélations par rapport au plan initial afin de raviver l’intérêt de leurs téléspectateurs. Dernièrement, la culture du binge-watching est venue changer la donne en donnant des saisons complètes à visionner sans avoir à patienter.

Mais ce faisant, en livrant des épisodes par dizaine, les plates-formes de streaming ont privilégié les artistes derrière ces contenus, plutôt que le public qui les regarde. Une intention tout ce qu’il y a de plus louable, mais c’était sans compter sur l’équilibre fragile entre une oeuvre et son public. L’attente est tout de même présente grâce à la promotion, et ce jusqu’à la sortie, mais une fois en ligne, le ressenti se fait sur l’ensemble des épisodes. Et non sur chacun d’entre eux.

Une manière de contrer les spoilers le temps de la diffusion, qui est ici réduite à son maximum jusqu’à ce que la hype prenne fin. Toutefois, durant cette période, cette culture de l’instantané force les retardataires à bannir certains mots clés de leurs réseaux afin que des révélations n’apparaissent pas dans leur fil d’actualité. Mais une fois visionné, cela a le même effet qu’un film de 10 heures. Aussi vite regarder, aussi vite oublier. Cela vaut également pour les films dont la promotion a été tardive, voire inexistante.

Ainsi, exit l’horizon d’attente pour Cloverfield Paradox. Un long-métrage que personne n’attendait, car tout le monde en ignorait l’existence, et dont la bande-annonce a été révélée le jour même de sa sortie sur Netflix. Ce qui devait être un événement surprise fut donc un flop instantané. Étonnant de la part de JJ Abrams, fervent adepte de la culture du secret qui a poussé ce procédé à son paroxysme pour cette production. Une communication défaillante pour celui qui est derrière le succès de Lost, mais aussi de Westworld.

Tout comme il a progressivement cédé sa place à Damon Lindelof et Carlton Cuse sur les disparus du vol Océanic 815, Abrams a laissé le champ libre à Jonathan Nolan et Lisa Joy pour cette adaptation du film de Michael Crichton. Le couple se confronte alors à l’horizon d’attente des fans du long-métrage original, mais aussi des adeptes de la science-fiction. Un genre qui a ses codes et dont les showrunners ont fait les frais à deux reprises. Non pas qu’ils ne les maitrisent pas, mais plutôt qu’ils se sont fait devancer face à un public rompu à l’exercice.

Ainsi, après un faux départ qui nécessita la mise en pause du tournage, pour cause de scripts encore en écriture, la première saison a vu un de ses twists majeurs devinés par une communauté d’internautes. Cet arrêt n’aura donc pas été suffisant pour brouiller les pistes scénaristiques. Généralement, ce genre de problème est dû à une fuite en interne, là il s’agit juste d’un exemple de perspicacité. Et ça ne sera pas le seul. Jonathan Nolan ira même jusqu’à avouer avoir réécrit l’épisode 3 de la saison 2 car le retournement avait été découvert.

C’est ce que l’on appelle le Nouveau Monde. Celui dans lequel tout est analysé pour mieux être prédit. Pas étonnant donc qu’après autant de déconvenues, les scénaristes aient décidé d’intégrer à l’intrigue de cette troisième saison une sorte de programme qui régit l’existence de la population: Rehoboam. Une gigantesque machine sphérique dans les locaux d’Incite qui permet à cette société de collecter des données personnelles. Ces dernières vont permettre non seulement de prédire l’avenir, mais aussi à lui donner une direction.

Finalement, d’une certaine manière, c’est ce que l’on retrouvait également au centre de Captain America: le soldat de l’hiver. Il y était question du projet Insight dont la finalité était sensiblement la même. Une thématique que Jonathan Nolan avait déjà utilisée au cours des 5 saisons de sa série Person of Interest, sauf qu’ici, le discours est complètement méta par rapport à ce qui s’est produit en coulisses. En effet, comment ne pas reconnaitre les spectateurs essayant de deviner l’avenir de Westworld à coup de théories sur Reddit.

Je me suis moi-même prêté à ce jeu en théorisant sur le fait que le parc se situer sur une autre planète. Sa superficie était tellement impressionnante, qu’il ne pouvait en être autrement. Je ne suis pas le seul à avoir suivi cette piste qui s’est révélée fausse suite à cette nouvelle fournée d’épisodes. Mon horizon d’attente s’est finalement réduit à une simple ligne d’horizon, une skyline, celle de notre monde. Cette déception s’est illustrée par le personnage de Bernard, réfugié dans une usine en Asie, dont le retour à Westworld s’est fait grâce à une simple embarcation.

Désillusion également pour ce futur qui nous est présenté. On est loin de ce qui nous avait été décrit dans les saisons précédentes, à savoir un monde tellement sur le déclin que cette tranche aisée de la population préférée se réfugier à Westworld pour y échapper. Mais malgré l’absence d’une mégalopole digne de Blade Runner, la découverte de ce Los Angeles est tout de même bienvenue tant elle offre une identité propre à la série. La cité des anges n’a donc rien de fantaisiste, au contraire elle suit une sorte d’évolution logique de ce qui pourrait advenir dans notre réalité.

Pour matérialiser cette vision, et contrairement aux apparences, les créateurs ont fait le choix d’utiliser des bâtiments déjà existants. Le Néo-Los Angeles de 2058 se révèle alors n’être qu’un assemblage de différentes structures à travers le monde. Des délires architecturaux, semblables à une exposition universelle, parmi lesquels on compte bien sûr des musées en guise de décors. Outre la richesse visuelle qu’offre ce type de lieu, c’est surtout leur fonction première qui est intéressante dans le cadre de l’histoire. Notamment lors de scène prenant place à des soirées festives durant lesquelles des personnes se livrent à des performances artistiques.

Observer par Dolores, cela donne la sensation de voir une visiteuse déambuler dans une exposition. Contemplant les oeuvres d’un monde qui appartient déjà au passé sans même le savoir. C’est le propre des espèces inférieures, elles poursuivent en toute insouciance leur autodestruction. Plus qu’une galerie d’art, c’est aussi un zoo à ciel ouvert. Elle y contemple des humains en voie de disparition dont elle s’apprête à prendre la relève. Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait innocent si le siège de Delos se trouve à la cité des arts et des sciences à Valence.

Un bâtiment, qui se compose entre autres du plus grand aquarium d’Europe, d’un cinéma hémisphérique, un jardin, un musée des sciences, et qui prête son architecture à cette corporation. En somme, une sorte de condenser de l’histoire de l’humanité. D’un point de vue extérieur, cette localisation permet aussi de voir un oeil géant grâce au reflet de l’eau qui la borde. Lorsque l’on sait à quel point la vue a une symbolique forte dans la série, au point d’être un motif récurrent, ceci est loin d’être une coïncidence.

Mais tout ceci n’est qu’un trompe-l’œil. La série a beau s’émanciper de ses plaines et ses paysages désertiques, le renouvellement de cette imagerie sert surtout à inverser le concept de base. Ici, ce sont les robots qui sont les visiteurs de ce parc qu’est la réalité, et les humains sont les hôtes. Eux aussi sont manipulés et prisonniers d’une boucle gouvernée par Incite. Ils y évoluent dans un monde futuriste que l’on pourrait rapprocher de Futureworld, la suite de Westworld. Dolores va ainsi troquer son cheval pour une moto et se mettre en quête d’alliés.

Elle y croisera la route de Caleb, un ancien militaire aux fréquentations peu recommandable. Inscrit sur une sorte de réseau social du crime, l’acteur de Breaking Bad n’est finalement pas très loin de la série qui a fait sa renommée. Il s’adonne donc à ce travail au noir, tout en essayant de ne pas franchir une certaine limite. C’est dans ces circonstances qu’il fera la rencontre d’une Dolores mal en point. Finalement, il est permis de se demander si leur rencontre n’était que le fruit du hasard dans un monde régi par un algorithme.

C’est ce qu’elle lui révélera en lui montrant le dossier qui le concerne. Son passé y est notamment répertorié, tout comme son futur y est planifié en fonction des données qui ont été récoltées à son propos. Et qui aboutissent à un suicide d’ici une douzaine d’années. Un geste dont on peut déjà voir les prémisses à travers une thérapie qu’il suit, en mode Her, pour surmonter le deuil d’un ami. Convaincu, Caleb troquera donc le robot qui l’accompagne pour poser de la fibre en tant qu’ouvrier, pour un poste de bras droit aux côtés d’une androïde révolutionnaire.

Ensemble, ils vont réunir une armée pour le moins atypique. Outre la clique de Caleb, celle de Dolores sera à son image. En tout cas intérieurement puisque si l’on retrouve Charlotte, Musashi et Lawrence, ce ne sont que des enveloppes charnelles contenant la conscience de Dolores. Idem pour Martin Connells, le garde du corps de sa cible, Liam Dempsey, qui a été remplacé par un hôte afin d’infiltrer Incite. Finalement, elle n’est pas si différente de l’agent Smith dans Matrix Reloaded et Revolutions dans cette propension à se dupliquer.

Et lorsqu’on lui fait la remarque, elle rétorque que puisqu’elle a été la première à fonctionner, tous les autres hôtes sont déjà des copies basées sur elle-même. Un argument validé par de nombreux flashbacks. Toujours est-il que ce don d’ubiquité lui sera grandement utile pour renverser le système. Cela ne sera pas sans causer quelques dégâts, notamment lors d’un épisode où Caleb tente de semer ses poursuivants, tout en étant sous l’emprise de stupéfiants hallucinatoires. Cette drogue le plongera dans un marathon cinématographique ce qui donnera une saveur étrange aux scènes d’action. Un excellent trip! 

Un peu plus tard, la série sortira l’artillerie lourde avec un robot dans le style du ED209 de Robocop. Ce n’est pas ce à quoi l’on nous avait habitués, mais ça ne sera pas de trop pour faire face à Serac qui s’est adjoint les services de Maeve. Après un séjour dans War world, qui se révélera être une simulation virtuelle, elle est convaincue par son nouveau bienfaiteur de traquer Dolores en échange de sa fille. S’ensuit un combat tant attendu entre les deux soeurs ennemies, avant une alliance prévisible, mais bien amenée. Tout ça sur fond de chaos ambiant puisque Dolores a mis son plan a exécution en révélant la machination derrière Incite.

Les émeutes font rage à travers la ville avec une ambiance qui rappelle le climax de Fight Club. Caleb se voit nommer leader de la résistance, un nouvel avenir qui va grandement réduire son espérance de vie, mais qui offrira un véritable but à son existence. Ses concitoyens ne peuvent pas en dire autant. Désormais, tout le monde connait l’avenir qui lui était destiné, ce qui ne sera pas sans conséquence. Chacun s’est vu spolier et spoiler sur son existence. Leur horizon d’attente s’est vu réduit à néant, tous comme les fans essayant de déduire l’arc narratif des personnages.

Les mêmes que ceux qui en sont arrivés à la conclusion que l’homme en noir et William n’étaient qu’une seule et même personne. Nul doute que si il avait ce que son avenir lui réserver lors de la fuite des données d’Incite, il serait devenu fou. De toute façon, le résultat est le même dans cette saison puisque William se retrouve interner dans un asile. Avec sa camisole de force, il devient donc l’homme en blanc et s’occupe de suivre une thérapie pour se libérer des visions de sa défunte fille qui ne cesse de le tourmenter. Entre-temps, sa société Delos sera rachetée en secret ce qui n’aidera pas à sa santé mentale.

Bien qu’il soit amené à prendre de l’importance par la suite, comme en atteste la scène post-générique, William reste tout de même en retrait au profit de nouveaux personnages. Serac sera l’un d’entre eux, et pas des moindres, en tant qu’antagoniste principal. Incarné par Vincent Cassel, il est le créateur de Rehoboam et c’est lui qui s’occupe d’entretenir l’illusion qu’est le libre arbitre sur la population. Ce maintien de l’ordre est représenté à l’écran par un cercle noir sur fond blanc. Puis les divergences successives au cours des 8 épisodes vont révéler qu’il s’agit en fait d’une sorte d’éclipse.

Encore une fois, il est question d’horizon puisque cette fois-ci, celui-ci est visible sur toute la circonférence du disque. Mais ce visuel en mouvement constant m’a surtout rappelé le moyen de communication dans Premier contact. Ce film de Denis Villeneuve mettait en scène des extraterrestres faisant usage de glyphes circulaires pour se faire comprendre de notre civilisation. Les meilleurs linguistes avaient dû alors se pencher sur la question afin d’en tirer un alphabet cohérent. 

Cette manière de procéder n’est finalement pas si différente de celle des fans cherchant à comprendre le langage de Westworld, dont les timelines sont entremêlées, pour mieux anticiper la suite. Chaque plan, chaque ligne de dialogue, chaque décor y est scruté et sujet à interprétation. C’est un puzzle narratif dont chaque scène est une pièce dans cette grande fresque. Toutefois, le paradoxe à trop vouloir deviner une intrigue, c’est de la trouver trop prévisible au point de ne plus vouloir la suivre. Et puis parfois, même les théories les plus invraisemblables se réalisent.

De nombreux utilisateurs de Reddit avaient émis le souhait de voir l’univers de Game of Thrones intégré à Westworld sous la forme d’un parc. Et, aussi improbable que cela puisse paraitre, ils ont été entendus. Les références à l’univers de George RR Martin se font d’abord discrètes, que ce soit à travers une réplique de Maeve qui dit que l’on ne peut tuer ce qui est déjà mort, ou un automate qui joue la musique du générique à la guitare, avant d’être plus directes avec une scène entière.

Celle-ci prend place dans les coulisses du parc où un dragon y est entreposé. À ses côtés, deux employés, qui ne sont autres que les showrunners de Game of Thrones, DB Weiss et David Benioff, sont en train de débattre sur le sort de cette créature mécanique. Ce caméo est loin d’être gratuit puisqu’ils évoquent la possibilité de démonter le dragon pour l’envoyer à un parc se trouvant au Costa Rica. Entre la localisation et la nature de la marchandise, l’hommage à Jurassic Park est bien là. Et surtout cohérent puisque Michael Crichton est à l’origine Jurassic Park et de Westworld. La boucle est bouclée.

Par contre, quitte à aller jusqu’au bout dans ce crossover, il est regrettable de ne pas avoir mentionné le fameux gobelet de chez Starbuck. Un anachronisme qui aurait pu être justifié par un visiteur qui aurait laissé sa boisson par inadvertance dans ce parc. Malgré tout, j’espère que dans cette temporalité George RR Martin est venu à bout de sa saga littéraire. Son adaptation télévisuelle n’a pas pu bénéficier de sa conclusion, et l’attente des lecteurs se fait toujours plus pressante. Désormais, il repose une responsabilité similaire sur les épaules de Jonathan Nolan et Lisa Joy.

La chaine HBO a vu en Westworld la série qui allait succéder à Game of Thrones, mais c’est surtout à Lost qu’elle se révèle en digne successeur. L’engouement qu’elle suscite sur la toile est similaire à ce qui était visible sur la création de Bad Robots. Plus qu’un tournant dans la série, cette troisième saison est surtout le centre de ce qui a été conçu pour s’étaler sur 5 saisons. Il reste donc encore de quoi spéculer sur le devenir de Dolores, Charlotte, Maeve, Caleb, Bernard, William… Et les autres personnages qui vont venir s’ajouter à ce générique toujours aussi splendide.

L’horizon d’attente est bel et bien là en ce qui me concerne. Mais surtout, je m’interroge sur cette connexion entre une oeuvre et son public. Entre ce dernier qui cherche à flatter son propre égo en théorisant à tout va, et les créateurs qui parcourent ces théories pour continuer à les surprendre, ce cercle vertueux peut vite devenir vicieux, à l’image de Rehoboam. Du coup, à quand une série dans laquelle les spectateurs en seront les scénaristes à leurs dépens? Une série dans laquelle les auteurs iront incognito sur des forums pour y voir les théories et les adapter directement à l’écran.

Ou au contraire pour prendre une direction totalement différente afin de surprendre son audience. Ou par esprit de contradiction. Ce type de pratique est surement déjà d’actualité sans même que nous le sachions. Après tout, il y a bien des membres de chez Marvel Studios qui se baladent anonymement parmi les internautes pour y diffuser de fausses rumeurs à propos de leurs prochains films. En partant de ce principe, tout est permis. Si la science-fiction a toujours été le meilleur genre pour parler du présent, alors Westworld fait office de précurseur en jetant un regard au-delà de cet horizon d’attente.

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